Usine Lubrizol à Rouen : avant la catastrophe industrielle, une histoire émaillée d’incidents
L’usine Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime) a vécu une catastrophe industrielle jeudi 26 septembre 2019. Ce n’est pas la première fois que ce site sensible fait parler de lui.
L’usine Lubrizol a été le théâtre d’un impressionnant incendie jeudi 26 septembre 2019 à Rouen (Seine-Maritime). Il s’agit d’une catastrophe majeure pour ce site qui a déjà fait parler de lui. (©Jeremy Bonnet)
Au petit matin, jeudi 26 septembre 2019, certains habitants des alentours de Rouen (Seine-Maritime) ont été réveillés par des bruits d’explosions et un impressionnant nuage de fumée noire, conséquences de l’incendie de l’usine Lubrizol, classée Seveso, seuil haut.
Ce n’est pas la première fois que ce site, spécialisé dans la fabrication d’additifs pour lubrifiants industriels et automobiles, fait parler de lui. Première usine du groupe américain installée en France, ses 66 ans d’histoire ont été émaillés d’incidents, dont trois responsables d’émissions de gaz Mercaptans, aussi appelés thiols en 1975, 1989 et 2013. La plus récente avait créé la polémique.
Condamné à 4000 euros d’amende
Difficile d’oublier l’odeur soufrée nauséabonde qui a embaumé les narines de plusieurs centaines de milliers de personnes — jusqu’en Angleterre ! — à partir du 22 janvier 2013. Tout était parti d’une erreur humaine, ayant entraîné la décomposition d’une cuve de dialkyldithiophosphate de zinc (ZDP), puis l’émission de thiols.
Bien que le caractère toxique du gaz avait été écarté par les autorités, il a provoqué des maux têtes, des malaises passagers et des irritations des yeux chez des personnes sensibles. Les pompiers avaient reçu plus de 3 000 appels en une nuit. Il avait fallu deux semaines pour venir à bout de cet incident en traitant 36 tonnes de produit.
L’entreprise avait été reconnue responsable
L’entreprise avait été reconnue « entièrement responsable du préjudice causé » par le tribunal correctionnel à l’issue d’une enquête diligentée par le parquet de Rouen. Ce dernier avait pointé une série d’insuffisances dans la maîtrise des risques lors du procès. Lubrizol avait été condamné à payer 4000 euros d’amende. Un an après ce jugement, un nouvel incident d’exploitation avait entraîné l’écoulement de 2000 litres d’huile minérale dans le réseau d’évacuation des eaux pluviales.
Ce jeudi 26 septembre 2019, le préfet de Seine-Maritime a qualifié l’incident de « catastrophe industrielle » lors d’une conférence de presse, quelques heures après le déclenchement de l’opération de secours. Si l’usine d’Oudalle, près du Havre, avait déjà fait l’objet d’incendies en avril 2003 ou encore en septembre 2019, aucun feu de cette ampleur n’avait encore touché les sites normands de Lubrizol.
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